Eldorado, se réveiller mort et renaître

Documentaire
Réalisateur : Tony Quéméré
Durée : 61 min
Année de production : 2022
Diffusion : Tébéo novembre 2022, Tébésud Festival Après, Varan
Soutien : Procirep, Région Bretagne, CNC
Co-producteurs : Tita B.
"J'ai quitté depuis longtemps mon hameau crasseux de Kergoat, à la pointe du Finistère. Mais c'est l'heure du retour : Maryvonne (ma mère) est à l'hôpital, dans un sale état.
Eldorado est un documentaire autobiographique, à travers une caméra subjective et une voix off pleine d'autodérision. Un témoignage cru mais aussi tendre, poétique sur la vie, la mort dans une petite famille bretonne bousculée par les bouleversements du monde."

Synopsis

Mexique 1999/2000. Moi Tony, je me retrouve parachuté avec Vincent, un autre étudiant que je connais à peine, au milieu d'un campus-forteresse à l’américaine dans un pays du Tiers-Monde : contrôle des papiers à l’entrée de l’université, policiers en faction, racisme ambiant, étudiants hyperfriqués… Le choc.

Au bout de trois mois, nous sommes expulsés minablement tous les deux de cette école et profitons de la bourse universitaire pour voyager pendant trois mois et demi à travers le "vrai" Mexique, le Guatemala et le Belize. Régime pain de mie et mayo. Résultat : perte de dix kilos en quelques semaines. Nous sommes tous les deux, sur des modes différents, en compétition pour savoir qui sera le plus mexicain, avec la vague idée de rejoindre Cuba à la fin du voyage.

En voyageant de Mexico à Cancun, en passant par Oaxaca, le Guatemala et le Belize, nous vivons des aventures certes extravagantes mais qui sont autant de prétextes à raconter des tableaux de la vie vulgaire et des scènes de mœurs à travers nos contacts avec des personnages surréalistes : des faux chamans sous ecstasy, des divas de telenovelas, des guides archéologiques bouffons mais aussi des enfants fakirs dans le métro, etc.

Quelques anecdotes : alors que nous cherchons à nous « mexicaniser », à passer incognito (avec nos sacs Decathlon et notre Guide du Routard dépassant de la poche) sur le site archéologique de Teotihuacan, un vendeur de bibelots nous colle comme un sparadrap en hurlant : « un cadeau pour la belle-mère, moins cher qu’à Leclerc ! ». Autre exemple : en visitant un marché "vraiment traditionnel" de Mexico, tellement crétins et sûrs de nos hormones hétérosexuelle, nous reluquons une petite serveuse de chilaquiles… jusqu'à entendre sa voix grave au moment de la commande : c'était un transsexuel.

Jusqu'au jour où j’apprends que mon plan de sortie (un stage rémunéré à Chicago dans une asso d’aide aux sans-abris) tombe à l’eau (le département d’Etat américain refuse ma demande de visa). Les bourses coupées (sans un sou je veux dire), je dois m'avouer vaincu par Vincent qui a juste le compte pour rejoindre Cuba seul (grâce aux économies laborieusement accumulées dans le Béarn par une de ces vieilles tantes paysannes). Mais Vincent décide de renoncer à Cuba pour partager le peu qui lui reste avec moi.

Mexico est notre dernier espoir. Perdus dans cette mégapole archéologique et futuriste, nous sommes finalement recueillis dans un quartier craignos par Oliva, une « vieille mama », une bonne fée, qui nous sauve et nous remet sur pied. Je profite de la sympathie d’un policier en bas d’un immense immeuble pour lui demander de me donner un annuaire des pages jaunes. J’en arrache les pages jaunes relatives aux organismes internationaux et je les appelle un par un pour chercher un stage. J’en trouve un à la bibliothèque du Centre des Nations-Unies. Quinze jours plus tard, j’intègre le service de communication à mi-temps, moyennant une petite indemnité. En allant refaire mes papiers auprès de l’Ambassade de France, je laisse sans y croire mon CV. On m’appelle pour un stage au Service audiovisuel à mi-temps, qui se transformera plus tard en contrat de travail.

Vincent doit rentrer en France avant moi. Oliva me demande d'initier notre pire ennemi aux Mystères du Mexique : Quentin (prononcé "queenteen"), un jeune Mormon des Etats-Unis. J'accepte pour l'amour d'Oliva. Au moment du décollage pour la France, j'ai senti l'arrachement de mes jeunes racines mexicaines.

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